LE BUVEUR DE THÉ
Maxime Benhaim
Numéro d'objet: |
32915 |
Catégorie: |
Tableau / Dessin |
Technique: |
Huile sur papier |
Origine: |
Meknès |
Date: |
2001 |
Support: |
Papier |
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Né à Meknès (Maroc), Maxime Ben Haïm a participé très tôt à l'aventure de la jeune peinture marocaine. Grâce à une bourse, il entreprend à Paris des études en Arts graphiques et publicité.
De retour au Maroc, il met cet enseignement au service de son pays et travaille en publicité pour des clients prestigieux. En 1973, il part à Paris et participe à de nombreuses expositions avec ses amis peintres marocains.
En 1979 il émigre au Québec et s'installe à Montréal où il fonde un studio de graphisme. Mais la peinture devient au fil du temps sa principale activité. L'oeuvre picturale de Maxime Ben Haïm est une galerie d'images où se niche la mémoire d'une enfance au Maroc, ainsi que le souvenir ébloui de son pays natal qui à jamais hante sa mémoire.
Au mystère des ruelles où l'ombre et la lumière se disputent l'espace, répondent les formes hiératiques de personnages énigmatiques qu'il campe dans un univers théâtral et dans un passé mythologique. Sa peinture a une voix, celle de la narration, une odeur et un parfum ; la menthe et le jasmin.
Elle témoigne d'une mémoire luxuriante et dépouillée à la fois, par laquelle les particularismes rejoignent l'universel. Inséré dans la mouvance de l'art international, Maxime Ben Haïm révèle dans sa peinture un véritable attachement à l'humain, au sensible, et à cette part de réalité transfigurée et mystique qui nous transcende. Ben Haïm vit et travaille à Montréal. Ses peintures sont présentes dans des collections publiques et privées.
Un pays en mémoire
D'une main de maître Maxime Ben Haim nous tient en suspens sur les traces d'une enfance nostalgique, tout en nous prévenant subtilement de son irrévocable disparition. Dans ses tableaux, il n'y a pas un seul arbre qui pousse, pas une herbe ni une fleur. Ce ne sont que murs séculaires brûlants à sa joue, bruissant d'histoires murmurées, maisons aux portes fermées ou à peine entr'ouvertes sur des femmes secrètes au regard grave, hésitantes au seuil des maisons, terrasses éblouies de soleil où des ombres mauves distillent la prescience d'un futur abandon.
Maxime Ben Haim est né d'une ville impériale hérissée de minarets, où gît tapis au pied de murailles séculaires, recroquevillé, le Mellah des Juifs, cerné d'une médina belle et inaccessible. Il est né d'un printemps marocain couleur bleu de Nil à la lisière de la fête de Pessah.
Son premier souvenir fut la lumière vivante qui envahit les terrasses, où des femmes à la peau couleur d'ambre et aux yeux noirs se profilent dans leurs atours chatoyants contre un ciel immense et bleu.
Le temps a fui depuis qu'il a quitté ces lieux de son enfance, mais il a gardé planté dans sa mémoire ce vieil homme courbé sur sa canne, arpentant d'un pas incertain les ruelles de son mellah, semblant prier que son temps termine sa course dans la clarté des temps messianiques.
Plus tard, beaucoup plus tard, Ben Haim revint dans sa ville natale. Les murs séculaires avaient gardé leur mystère, les rues soudain muettes, vivaient encore dans le souvenir de l'écho des enfants qui couraient. Les portes des maisons autrefois entrebâillées étaient closes sur de nouveaux mystères.
L'Histoire était passée par là. Elle s'était écrite en départs précipités, en douloureux abandons, en regrets. Confus. Ne restait plus à celui qui revenait, suintant de ce paysage, que le parfum et le goût doux amer d'une infinie nostalgie. Cette lancinante nostalgie qu'il n'en finit pas de décliner dans sa peinture, ici, dans son blanc exil à Montréal.