LA BATAILLE D'ISLY 14 AOÛT 1844

Vernet, Horace

Numéro d'objet: 22707
Catégorie: Lithographie / Gravure / Eaux-Forte
Technique: Lithogravure
Origine: Maroc Nord
Date: 1890
Support: Papier

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Fait marquant du règne du Sultan Moulay Abderrahmane, la Bataille d'Isly est l'une des nombreuses manifestations de cette solidarité qui, de tout temps, avait poussé le Marocain à prêter main forte au frère algérien chaque fois que celui-ci fut la cible de convoitises étrangères.
Cette solidarité n'est, d'ailleurs, que le fait de l'attachement du Royaume à ses nobles principes que lui dictent les préceptes de l'Islam et que la Dynastie Alaouite a toujours observés, quels que soient les sacrifices.

Du point de vue militaire, la Bataille d'Isly fut éloquente quant à la détermination de l'armée marocaine à barrer le chemin à l'expansionnisme colonial de la France. Celle-ci, forte de son statut de puissance économique et militaire de l'époque, affichait franchement l'ambition de s'emparer de l'Algérie, d'asseoir sa domination sur l'Afrique du Nord et de faire, ainsi, contrepoids à la Grande-Bretagne.

Dans les calculs stratégiques de la France, l'Algérie n'était pas la seule à jouir de l'intérêt de Paris, le Maroc a toujours été au centre des visées coloniales, particulièrement en raison de sa position géographique privilégiée et des ressources naturelles dont il regorge.

La fin de non-recevoir qu'opposait le Maroc aux requêtes françaises lui demandant de lui livrer l'Emir Abdelkader, qui avait trouvé refuge au Maroc et appui auprès de son Sultan, était si irritante pour Paris que celle-ci en vint à accuser l'Empire chérifien d'avoir violer le traité d'amitié franco-marocain en offrant le gîte au chef de file de la lutte contre la pénétration française en Algérie. La tension qu'alimentaient le séjour et les activités d'Abdelkader a fini par aboutir à la Bataille d'Isly, le 14 août 1844.

Le Maroc y avait aligné plus de 50.000 hommes, composés essentiellement de cavaliers qu'appuyaient des volontaires venus notamment des tribus Beni Iznassen, Beni Oukil et Angad. Dans le camp adverse, le maréchal Bugeaud était à la tête de 11.000 hommes. Il avait commencé l'offensive par une attaque contre le camp marocain établi à Jorf Al-Akhdar, près d'Oujda, sur la rive droite de l'Oued Isly, petit affluent de la Moulouya.

Méthodique, Bugeaud avait réussi à désorganiser les lignes de l'armée du Maroc dont les troupes, sommairement équipées et mal entraînées, s'étaient dispersées pour aller se regrouper à nouveau sur la route de Taza, en terrains accidentés.

L'état-major français se mit alors à échafauder des plans pour marcher sur les rives de la Moulouya, mais les rudes conditions naturelles du théâtre de combat et les épidémies qui rongeaient le corps expéditionnaire français ont dissuadé Bugeaud de se lancer dans une aventure, aux lendemains incertains, face à des combattants connus pour les retournements qu'ils imprimaient aux situations dans les champs de bataille.

Historique:

La bataille d'Isly se déroula le 16 août 1844 à la frontière algéro-marocaine. Elle vit la victoire du Maréchal Bugeaud sur Moulay Abd al-Rahman, sultan du Maroc, qui soutenait Abd El-Kader.

Elle fut déclenchée par la France en raison de la protection que fournissait le Sultan du Maroc Abd ar-Rahman ibn Hicham Abd el Khader.

Le 6 août Tanger avait été bombardée par des navires français commandés par Joinville.

Dans la nuit du 15 au 16 août, le gouverneur général ayant réuni toutes ses forces ne s'élevant qu'à 11 000 hommes, se porta sur le camp marocain établi à la position de- Djarf-el-Akhdar, à peu de distance d'Oujda, sur la droite de l'Oued Isly, petit affluent de la Moulouia.

Devant avoir affaire presque exclusivement à de la cavalerie, il avait formé de son infanterie un grand losange dont les faces se composaient elles-mêmes de petits carrés. La cavalerie était dans l'intérieur de ce losange qui marchait par un de ses angles dument pourvu d'artillerie.

Au point du jour, voyant s'avancer l'armée française, le Sultan lança contre elle toute la cavalerie marocaine présentant une masse de vingt à vingt-cinq mille chevaux. Cette charge ne parvint pas à forcer les lignes de tirailleurs, et fut bientôt séparée en deux par les carrés qui s'avançaient dans la cavalerie. Le maréchal Bugeaud fit alors sortir sa cavalerie. Celle-ci se formant par échelons, chargea la cavalerie marocaine qui était à la gauche de l'armée et la dispersa après avoir vaincu plusieurs centaines de ses cavaliers. Le premier échelon, composé de six escadrons de spahis et commandé par le colonel Yousouf, ne voyant plus devant lui que le camp marocain encore tout dressé, s'y précipita. Onze pièces de canon qui en couvraient le front de bandière firent feu une seule fois. Les artilleurs marocains n'eurent pas le temps de recharger :

L'infanterie marocaine se dispersa dans des ravins où la cavalerie francaise ne pouvait la poursuivre, et gagna par de longs détours, la route de Taza. Pendant que le premier échelon marchait sur le camp le second commandé par le colonel Morris se porta sur la partie de la cavalerie marocaine qui était a droite. Ce fut une lutte acharnée. Après que tout fut terminé, l'armée française se concentra au camp des Marocains, et bientôt se mit à la poursuite des vaincus pour les empêcher de se rallier.

Les trophées de la victoire furent onze pièces de canon, dix-huit drapeaux, toutes les tentes des Marocains, y compris celle de Sidi-Mohammed richement meublée, enfin, des approvisionnements de tous genres. Les pertes en hommes des marocains furent de huit cents morts.