COFFRE DE SCRIBE

Mida del-Ketba

Numéro d'objet: 22493
Catégorie: Vie communautaire
Technique: Technique mixte
Origine: Fès
Date: XIXe
Support: Bois

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L'art du bois au Maroc occupe, depuis une période très ancienne, une place très importante dans l'architecture et dans le mobilier. Il révèle différentes techniques (sculpture, gravure et taraudage, tournage, découpage, peinture et enluminure, marqueterie et incrustations, revêtements de cuir et cloutage…) auxquelles se consacrent les artisans spécialisés : menuisiers, sculpteurs sur bois, tourneurs peintres sur bois, marqueteurs, fabricants de coffres etc.
Le travail du bois à usage monumental, art et technique à la fois, attesté dès l'époque Idrisside (fin du VIII° - début du X° siècle) à Fès, prit un développement considérable sous les dynasties Mérinides (milieu du XIII° -milieu du XV° siècle),grands bâtisseurs qui dotèrent la ville d'édifices religieux et civils. L'art du bois dans le mobilier est connu dès le X° siècle avec la fameuse chaire à prêcher (minbar) de la mosquée des Andalous à Fès (joues datées de 369 (Hégire) / 980 (J.C.) et dossier de 375 (Hégire) / 983(J.C.)) qui contient les prototypes des motifs et procédés décoratifs de l'art ultérieur.
En architecture comme dans le mobilier, le cèdre des forêts du moyen Atlas, imputrescible et odoriférant, devenu rare actuellement, était le bois le plus employé, notamment à Fès.
Le thuya (âarar), également parfumé, était utilisé de même, en particulier dans la région de Rabat.Cet art compte parmi ses plus belles oeuvres, de nombreuses pièces en bois sculpté, organes de support et formes décoratives : consoles et colonnettes d'auvents, linteaux, corbeaux, frises épigraphiées…A la sculpture, on peut joindre l'assemblage qu'illustrent portes et plafonds, rehaussés d'une sobre polychromie.
Dans le domaine du mobilier citadin, coffres, coffrets, étagères et bibliothèques, sont les réalisations les plus marquantes. Leur décor sculpté allie comme autrefois, les ressources de la flore (palmes et palmettes, entrelacs floraux…) et de la géométrie (entrelacs rectilignes, chevrons, étoiles…). Leur décor procédant parfois de l'architecture (arcatures), s'inspire de celui du mobilier liturgique. Dans l'art rural, de belles portes sculptées et peintes du haut Atlas, ainsi que des coffres rifains d'exécution soignée présentent généralement une ornementation géométrique de souche très ancienne qui révèle les traditions du pays tenant du fonds commun de la civilisation méditerranéenne.
Abondamment représentée à Fès à l'époque Mérinide, la savant menuiserie de moucharabieh (darbuz) consiste en grilles de bois ouvragées, isolant, dans les madrasas (collèges), les galeries inférieures du patio, ou protégeant, dans les demeures, les galeries supérieures du vide de la cour. Elle consiste également en balustrades de fenêtres à hauteur d'appui. Les grilles les plus belles, en bois découpé ou mettant en oeuvre des balustres assemblés ou peints, taillés en cubes et tournés en bobines, disposés à l'intérieur de panneaux d'ordonnance variée, remontent au XIV° siècle (Paccard, 1979, 2).
Dans l'architecture fasie, ces grilles à jour ont été peu à peu supplantées aux XiX° -XX° siècle, par des grilles en fer forgé, moins coûteuses, d'exécution plus hâtive, et moins fragiles. L'évolution de cet art s'est faite ainsi, au détriment de la beauté et de la tradition, dans le sens d'une quête de commodité. Cependant, les objets de mobilier en cèdre tourné, réalisés actuellement par des mains habiles avec les mêmes instruments qu'autrefois, sont très prisés ; ils mettent en valeur les mêmes techniques et le même savoir-faire ingénieux qu'antan.
Les artisans dans ce domaine continuent de nous émerveiller par leur production d'une grande finesse d'exécution : songeons aux frères Kadiri, à la fois marqueteurs, peintres naïfs et enlumineurs, dont les oeuvres ont figuré dans de grandes expositions internationales telle celle de 1936 à Paris et ont enrichi les collections de musées.
La marqueterie et l'incrustation font intervenir des essences:
• de coloration locale (cèdre, thuya, abricotier, citronnier, oranger)
• ou importées (acajou, ébène)
• ainsi que des matériaux plus riches (nacre, ivoire).
La peinture ornait le bois d'architecture et le mobilier. Elle se bornait le plus souvent à souligner les effets de la sculpture. A toutes les époques de l'art hispano-mauresque, les ornemanistes ont su tirer parti des ressources de la couleur, dans leurs boiseries, leurs stucs, leurs carreaux de faïence (zellige), leurs vitraux... de même qu'Ils ont eu recours aux jeux d'ombres et de lumière, ménagés par les différentes techniques sculpturales (champlevé, sculpture en relief s'efforçant vers la ronde-bosse, découpage à jour…).
Les réalisations mobilières actuelles restent fidèles à la tradition décorative malgré l'emploi de certains produits modernes (couleurs). La polychromie souvent vive, met en oeuvre des motifs d'inspiration végétale ou géométrique, parfois déjà ciselés dans le bois. Si ces motifs accusent une certaine évolution, leur symbolisme est toujours en vigueur.
Autres techniques, le revêtement de cuir et le cloutage, vraisemblablement introduites en Andalousie dans la 1ère moitié du X°, et de là, transférées au Maroc, s'appliquent traditionnellement aux coffres de voyage. Leur ornementation cloutée est géométrique et parfois même épigraphique.

Bibliographie:

La vie juive au Maroc p.32
Arts et cultures du Maroc p.236