CARREAUX EN CÉRAMIQUE
Carreaux de synagogue
Numéro d'objet: |
22403 |
Catégorie: |
Objet de culte |
Technique: |
Céramique |
Origine: |
Fès |
Date: |
1910 |
Support: |
Mineraux |
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Poterie citadine
Le visiteur du Maroc d’aujourd’hui peut citer plusieurs villes où l’on produit je la poterie émaillée et décorée de motifs divers, qu’on identifie aisément comme marocains.Mais si l’on remontait le temps jusqu’au début du siècle précédent, la situation se présenterait différemment. La faïence émaillée de tradition ancienne est la potere de Fès, où elle a un passé séculaire. Elle y cohabite avec d’autres artisanats de la terre, fournissant une poterie non revêtue ornée souvent de petits points je goudron appliqués avec le doigt, et aussi des carreaux et des tuiles émaillés, qui sont utilisés dans l’ornementation les demeures de style andalou. Certes, des atelioers de faïence ont existé très tôt près d’autres villes, qui ont eu historiquement une importance de premier plan, comme Marrakech, mais leur existence à été relativement éphémère. À Fès, de tels ateliers étaient installés dès le XII° siècle, et cette industrie n’a jamais disparu de la ville. C’est à des potiers venus de Fès dans le centre ancien de poterie rustique, à Safi, qu’on doit l’existence d’une production de faïences émaillées dans cette ville. D’abord directement copiée sur les modèles de Fès, la poterie de Safi s’est rouvé d’autres sources d’inspiration et des style propres.
Dans le décor de la poterie de Fès, la couleur bleue a tenu une place privilégiée depuis très longtemps. Pour la faïence polychrome, en dehors du blanc, les couleurs employées sont le bleu, le brun, le jaune et le vert ; toutes sont fournies par des sels métalliques. Les contours du décor sont tracés soit au brun de manganèse, soit au bleu de cobalt ; l’intérieur des espaces ainsi définis est garni ensuite des autres teintes. La faïence est une poterie à deux cuissons ; après la première, le biscuit est soigleusment brossé, trempé dans l’émail, revêtu d’un décor minutieusement tracé en plusieurs étapes, avant qu’intervienne la seconde cuisson, la plus délicate, qui doit éviter tou contact entre les surfaces émaillées. C’est là qu’intervient l’art du potier dans l’entassement des pièces dans la chambre supérieure du four, où la température est amenée progressivement vers 950°C. Elle se maintiendra une douzaine d’heures à ce niveau, grâce à la combustion de matériaux calorifiques, palmier nain, grignons d’olives, branches de laurier-rose. Les poteries concaves sont placées sur des supports de terre qui laissent après le défournement de petites zones privées d’émail sur la surface intérieure du plat. Les potiers avaient pris l’habitude de masquer ces défauts obligatoires par une petite couche de peinture au minium ; les points rouges furent appréciés comme décors à telle enseigne qu’on les multiplia bientôt sur toute la surface, en dehors des endroits où ils se justifiaient ; en fait, on ignore le vrai sens de cette vogue du minium, qui selon les interrétations est un apport d’une couleur nouvelle qui n’existait pas dans a palette cassique, ou un témoignage d’une pratique superstitieuse non définie…
Les motifs ornementaux de la poterie de Fès sont de types divers, et se mélangent harmonieusement dans les grandes pièces ; ici plus qu’ailleurs le décor s’adapte à la forme, mais ses composantes sont de multiples natures. Les ornementations géométriques sont nombreuses ; les étoiles à six ou huit branches, les rosaces, les cercles sont très présents. Des dessins aux tracés rectilignes qui s’agencent avec rigueur rivalisent avec des motifs curvilignes qui s’entrecoupent ou s’imbriquent. Des contours d’une géométrie qu’on peut qualifier de souple suggèrent sans les représenter des éléments d’une végétation confuse, faite de rinceaux, de palmettes, de vagues formes de fleurs, ou de signes ressembant à des lettres. Àilleurs un décor nettement floral, mais encore géométrisé dans la constructon d’ensembe, foisonne dans le détail de l’ornementation, seul apport du monde vivant à cet ensemble de projections abstraites de l’univers. L’animation est conférée au décor par des enchaînements d’éléments répétitifs mais dissymétriques, par la présence de figures à structure rayonnante, par les tracés clairs de lignes maîtresses qui se chevauchent en créant des effets d’intrication et de relief. L’inventivité maitrisée des artisans de Fès, leur merveilleuse habileté, la rgueur des règles de composition élaborées et respectées au cours du temps ont maintenu pendant des siècles jusqu’au-delà des frontières le renom de la potere fassie.
Marie-Rose Rabaté
André Goldenberg