PLAT EN FAÏENCE MONOCHROME
Tefor
Numéro d'objet: |
22339 |
Catégorie: |
Objet de maison |
Technique: |
Céramique |
Origine: |
Fès |
Date: |
Début XXe |
Support: |
Mineraux |
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Poterie citadine
Le visiteur du Maroc d'aujourd'hui peut citer plusieurs villes où l'on produit je la poterie émaillée et décorée de motifs divers, qu'on identifie aisément comme marocains.Mais si l'on remontait le temps jusqu'au début du siècle précédent, la situation se présenterait différemment. La faïence émaillée de tradition ancienne est la potere de Fès, où elle a un passé séculaire. Elle y cohabite avec d'autres artisanats de la terre, fournissant une poterie non revêtue ornée souvent de petits points je goudron appliqués avec le doigt, et aussi des carreaux et des tuiles émaillés, qui sont utilisés dans l'ornementation les demeures de style andalou. Certes, des atelioers de faïence ont existé très tôt près d'autres villes, qui ont eu historiquement une importance de premier plan, comme Marrakech, mais leur existence à été relativement éphémère. À Fès, de tels ateliers étaient installés dès le XII° siècle, et cette industrie n'a jamais disparu de la ville. C'est à des potiers venus de Fès dans le centre ancien de poterie rustique, à Safi, qu'on doit l'existence d'une production de faïences émaillées dans cette ville. D'abord directement copiée sur les modèles de Fès, la poterie de Safi s'est rouvé d'autres sources d'inspiration et des style propres.
Dans le décor de la poterie de Fès, la couleur bleue a tenu une place privilégiée depuis très longtemps. Pour la faïence polychrome, en dehors du blanc, les couleurs employées sont le bleu, le brun, le jaune et le vert ; toutes sont fournies par des sels métalliques. Les contours du décor sont tracés soit au brun de manganèse, soit au bleu de cobalt ; l'intérieur des espaces ainsi définis est garni ensuite des autres teintes. La faïence est une poterie à deux cuissons ; après la première, le biscuit est soigleusment brossé, trempé dans l'émail, revêtu d'un décor minutieusement tracé en plusieurs étapes, avant qu'intervienne la seconde cuisson, la plus délicate, qui doit éviter tou contact entre les surfaces émaillées. C'est là qu'intervient l'art du potier dans l'entassement des pièces dans la chambre supérieure du four, où la température est amenée progressivement vers 950°C. Elle se maintiendra une douzaine d'heures à ce niveau, grâce à la combustion de matériaux calorifiques, palmier nain, grignons d'olives, branches de laurier-rose. Les poteries concaves sont placées sur des supports de terre qui laissent après le défournement de petites zones privées d'émail sur la surface intérieure du plat. Les potiers avaient pris l'habitude de masquer ces défauts obligatoires par une petite couche de peinture au minium ; les points rouges furent appréciés comme décors à telle enseigne qu'on les multiplia bientôt sur toute la surface, en dehors des endroits où ils se justifiaient ; en fait, on ignore le vrai sens de cette vogue du minium, qui selon les interrétations est un apport d'une couleur nouvelle qui n'existait pas dans a palette cassique, ou un témoignage d'une pratique superstitieuse non définie…
Les motifs ornementaux de la poterie de Fès sont de types divers, et se mélangent harmonieusement dans les grandes pièces ; ici plus qu'ailleurs le décor s'adapte à la forme, mais ses composantes sont de multiples natures. Les ornementations géométriques sont nombreuses ; les étoiles à six ou huit branches, les rosaces, les cercles sont très présents. Des dessins aux tracés rectilignes qui s'agencent avec rigueur rivalisent avec des motifs curvilignes qui s'entrecoupent ou s'imbriquent. Des contours d'une géométrie qu'on peut qualifier de souple suggèrent sans les représenter des éléments d'une végétation confuse, faite de rinceaux, de palmettes, de vagues formes de fleurs, ou de signes ressembant à des lettres. Àilleurs un décor nettement floral, mais encore géométrisé dans la constructon d'ensembe, foisonne dans le détail de l'ornementation, seul apport du monde vivant à cet ensemble de projections abstraites de l'univers. L'animation est conférée au décor par des enchaînements d'éléments répétitifs mais dissymétriques, par la présence de figures à structure rayonnante, par les tracés clairs de lignes maîtresses qui se chevauchent en créant des effets d'intrication et de relief. L'inventivité maitrisée des artisans de Fès, leur merveilleuse habileté, la rgueur des règles de composition élaborées et respectées au cours du temps ont maintenu pendant des siècles jusqu'au-delà des frontières le renom de la potere fassie.
Marie-Rose Rabaté
André Goldenberg
Historique:
La poterie est une des premières activités artisanales de l'humanité. La dualité entre l'héritage berbère, d'une part, et l'influence hispano-mauresque, d'autre part, se retrouve dans les techniques employées tout comme dans les motifs et les décors qui ornent les pièces d'argile. Au Maroc, cette tradition séculaire s'est élevée au rang d'un art rarement égalé. On distingue trois catégories majeures : la poterie citadine, aux modèles fastueux, pour la plupart fabriqués à Fès, Safi et Salé et les deux poteries rurales du nord et du sud, toutes deux utilitaires, la première étant largement pratiquée par les femmes et la seconde par les hommes.
Les trois principaux pôles de production de poterie et de céramique au Maroc sont représentés par Fès, Safi et Salé.
Fès:
C'est surtout des potiers qu'on retrouve à Fès. En fait, c'est une affaire de famille, l'apprentissage de confection de poterie se fait de père en fils. Le transfert est si bien effectué d'une génération à l'autre qu'il est possible de noter des ressemblances entre les produits d'une même grande famille, que ce soit au niveau des proportions ou des motifs.
Safi:
La production de poterie et céramique de la région de Safi est plus populaire, moins minutieuse et en plus grande quantité qu'à Fès. C'est également ce type de céramique qui est utilisée pour représenter l'artisanat marocaine et c'est sûrement parce qu'elle est plus proche de la conception de beauté esthétique moderne.
Salé:
Les produits d'arts de cette région sont beaucoup plus ternes et proviennent d'une influence complètement diverse des produits communs aux deux autres régions. La céramique est moins classique et moins virtuose mais tout aussi originale, elle était surtout en demande dans les années 70.