LETTER TO THE COUNCIL OF ADMINISTRATION OF THE UNIVERSITY OF ANCONA
Montefiore, Moses
Numéro d'objet: |
22139 |
Catégorie: |
Vie communautaire |
Technique: |
Encre |
Origine: |
Grande-Bretagne |
Date: |
1864 |
Support: |
Papier |
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Moses Motefiore journeyed to Morocco in order to end the "Moroccan atrocities" of which Jews were tortured with "barbarous cruelty." In the present letter Sir Moses reports "the edict which I succeeded in obtaining in favor of our co-religionists is being promulgated in the dominions of the Sultan of Morocco...it is to be hoped that the governors of proveinces will...enforce the gracious decree of their sovereign.
Montefiore's Journey to Morocco.
In the year 1863 Sir Moses Montefiore and the Board of Deputies of British Jews received a telegram from Morocco asking for help for nine or ten Jews who were imprisoned at Saffee on suspicion of having killed a Spaniard. Two others, although innocent, had already been executed at the instigation of the Spanish consul; one of them publicly in Tangier, the other at Saffee. Thereupon Sir Moses, supported by the English government, undertook a journey to Morocco to demand the liberation of the imprisoned Jews and, as he said in a letter to the sultan, tomove the latter "to give the most positive orders that the Jews and Christians, dwelling in all parts of Your Majesty's dominions, shall be perfectly protected, and that no person shall molest them in any manner whatsoever in anything which concerns their safety and tranquillity; and that they may be placed in the enjoyment of the same advantages as all other subjects of Your Majesty," etc. Montefiore was successful in both attempts. The prisoners were liberated; and on Feb. 15, 1864, the sultan published an edict granting equal rights of justice to the Jews ("Diaries of Sir Moses and Lady Montefiore," ii. 145 et seq., London, 1890; see also the account of the journey by Dr. Thomas Hodgkin, the physician who accompanied Montefiore, entitled "Narrative of a Journey to Morocco," London, 1866). This edict of emancipation was confirmed by Mohammed's son and successor, Muley Ḥasan (1873), on his accession to the throne, and again on Sept. 18, 1880, after the conference in Madrid. Such edicts and promises of a similar nature made from time to time to the Alliance Israélite Universelle, even if they are seriously intended, are, however, absolutely useless, since they are not carried into effect by the local magistrates, and if they were they would cause the old, deeply rooted hatred of the fanatical population to burst forth into flames. Thus, for example, the sultan Sulaiman (1795-1822) decreed that the Jews of Fez might wear shoes; but so many Jews were killed in broad daylight in the streets of that city that they themselves asked the sultan to repeal the edict. According to a statistical report of the Alliance Israélite Universelle for the years 1864-80 no less than 307 Jews were murdered in the city and district of Morocco, which crimes, although brought to the attention of the magistracy upon every occasion, remained unpunished (see "Bulletin de l'Alliance Israélite Universelle," No. 2, p. 17, Paris, 1880). The ideas of law and justice which make such conditions possible are expressed in the Moroccan proverb, "One may kill as many as seven Jews without being punished."
La réputation de Montefiore et de ses talents de diplomate lui fit ouvrir toutes les portes. Montefiore s'arrêta en Espagne ou il rencontra le Premier ministre et les membres du gouvernement. La reine Donna Isabella lui assura « le respect de toutes les religions.» Montefiore fut reçu en grande pompe à Tanger, obtint la libération immédiate de deux prisonniers juifs et l'assurance de la libération de deux prisonniers juifs à Safi. Il réussit à rétablir la confiance entre les représentants anglais et espagnol dans la ville. Les représentants espagnols au Maroc reçurent des directives les invitant à la prudence et l'Espagne exprima des regrets au sujet de l'impétuosité de son représentant, et qui avait mené aux exécutions des Juifs de Safi. Montefiore négocia également les assises d'une nouvelle école anglo-française administrée conjointement par le Board of Deputies et l'Alliance Israélite Universelle.
Le mauvais temps les empêchant de débarquer à Safi, ils reçurent néanmoins la confirmation de la libération des deux Juifs de Safi. Ils furent reçus à Mogador par Abraham Corcos, vice-consul des États-Unis et la caravane d'une centaine de personnes se mit en route pour Marrakech, escortée pendant une heure par le gouverneur de la ville. Le sultan accueillit Moses Montefiore en lui prodiguant la meilleure des hospitalités et la plus grande des considérations. 6000 soldats firent une haie d'honneur. Monté sur son cheval de parade blanc, le sultan salua Montefiore qui portait son uniforme de Lord-Lieutenant de la ville de Londres, avant de le recevoir dans l'intimité. Montefiore défendit alors la cause des siens au nom des Juifs et des Chrétiens de l'Empire et demanda un traitement égal à celui des Musulmans.
Le dahir ou édit qui fut promulgué à la suite du passage de Sir Moses Montefiore déclarait en essence : «Nous ordonnons à ceux qui liront le présent écrit… à tous nos serviteurs, gouverneurs, cadis et autres fonctionnaires de traiter avec la plus grande bienveillance les Israélites de notre empire, Dieu Nous ayant inspiré pour agir ainsi. Nous voulons voir pratiquer envers eux la justice et l'équité et les considérer comme des sujets égaux devant la loi. Aucun d'entre eux ne doit faire l'objet d'un acte arbitraire quel qu'il soit, ni subir de dommage d'aucune sorte. On ne doit s'attaquer ni à leurs personnes ni à leurs biens. Les services d'ordre professionnel qui peuvent être exigés pour le compte de l'État ne doivent pas leur être demandés avec violence et, en tout cas, être équitablement rétribués, car Nous devons rendre compte à Dieu dans la vie future de toute injustice commise ici-bas et Nous ne consentirons jamais à ce que des actes illégaux soient perpétrés, ni envers les Israélites, ni envers qui que ce soit. Nous considérerons tous nos sujets sur un même pied d'égalité et si une iniquité venait à être commise envers l'un d'eux, Nous, avec l'aide du Tout-Puissant, appliquerons à son auteur la sanction pénale qu'elle mérite. Ce décret, avec toutes les prescriptions qu'il contient, est confirmé par nous de la manière la plus stricte et la plus persistante et doit constituer pour Nos sujets israélites une garantie contre tout arbitraire dont ils pourraient être l'objet de la part de ceux qui auraient l'idée de les molester.»
Montefiore visita alors le Mellah de Marrakech ou il fut accueilli par une foule de plusieurs milliers de personnes en liesse avant de s'embarquer pour Gibraltar à partir de Mazagan. Il fut à nouveau reçu par la reine en Espagne puis par Napoléon III en France. Des milliers de messages de félicitations l'attendaient en Angleterre. Le Parlement anglais vota une motion de félicitations au sultan et des remerciements pour sa noble conduite.
Quelles furent les conséquences réelles de la visite de Moses Montefiore?
La présence de Moses Montefiore au Maroc et sa réception en grande pompe à la cour du sultan redonnèrent confiance aux Juifs du Maroc. Ils ne se sentaient plus isolés. L'impact psychologique fut immense, d'autant plus que Montefiore avait obtenu du sultan un dahir qui condamnait le mauvais traitement des Juifs dans le royaume. De fait, le paragraphe final du dahir précisait qu'il n'y avait rien de nouveau en ce sens « qu'il était déjà bien établi, bien su et bien documenté, etc.» En d'autres mots, la condition de dhimmis demeurait telle quelle. Cette euphorie s'empara également des communautés juives marocaines qui pensaient avoir enfin recouvré leur dignité. Le chroniqueur musulman Al-Naçiri écrivit alors : « Les Juifs devinrent arrogants et frivoles et pas seulement dans les villes portuaires… Cette liberté qu'ont établie les Européens au cours de ces dernières années est l'oeuvre absolue de l'irréligion, car elle comporte la destruction complète des droits de Dieu, des droits des parents et des droits de l'humanité.» Il loua le souverain d'avoir clarifié dans une lettre explicative que les recommandations antérieures ne ciblaient que les Juifs respectables… Dans les faits, rien ne changea et les injustices continuèrent. Le premier juin de la même année, Montefiore envoya une lettre de remerciements tout en regrettant le fait que certains gouverneurs et officiels ignoraient l'édit du sultan. Il reçut de nouvelles réassurances de la part du vizir Yamani.
Certains pensèrent que le voyage de Montefiore eut l'effet inverse. En 1880, un Juif de Gibraltar alla même jusqu'à déplorer la naïveté de l'initiative de Montefiore. Car les oulémas voulaient maintenir la prédominance de l'islam et l'humiliation des dhimmis. Les travaux du théologien Al-Maghili responsable du massacre des Juifs du Touat en 1492 eurent un regain d'intérêt. Ce dernier avait accusé les Musulmans riches et influents d'être coupables d'employer les pires ennemis du prophète plutôt que de les maintenir dans leur état naturel d'humiliation.
Commentant la mission de Montefiore vingt-sept ans plus tard, l'historien britannique Budgett Meakin écrivit : « Il reste beaucoup à faire. Le gouvernement est pourri. La position du Maure est mauvaise et celle de son voisin israélite est bien plus pire.» Mais il n'en demeura pas moins que la conscience d'une émancipation possible fit rêver les Juifs du Maroc trop longtemps résignés à la malédiction de leur condition précaire.
Extrait de l'ouvrage de David Bensousan Il était une fois le Maroc : Témoignages Du Passé Judéo-marocain
Historique:
Letter to the Concil of Administration of the University of Ancona.He thanks the community for their praise of his "humble efforts on behalf of our nation." He thanks God for "His mercy and providence" for his success in his "mission on behalf of our distressed brethren in Morocco."Autograph letter,signes in English.
Ramsgate 1864
Bibliographie:
Kestenbaum,juin2001:n°451
Laredo:Memorias p.350
Littmann,David:The century of Moses Montefiore pp.171-229