FETE JUIVE À TÉTOUAN

Dehodencq, Alfred (1822-1882)

Numéro d'objet: 21502
Catégorie: Lithographie / Gravure / Eaux-Forte
Technique: Imprimé
Origine: France
Date: 1880
Support: Papier

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La scène se passe dans la rue principale du mellah, aisément reconnaissable puisqu'elle figure sur des gravures et photographies contemporaines. La peinture représente une procession annuelle des juifs de Tétouan, autorisés à parcourir la ville en raison d'un service rendu. Le cortège festif est emmené par quelques musiciens : le personnage central joue d'un instrument à cordes frottées appelé « rebab », son voisin l'accompagne à l'oud, tandis que, derrière eux, deux hommes font sonner des sortes de tambourin. Une foule nombreuse et agitée les entoure, tandis que des femmes se sont massées sur les terrasses qui bordent la rue pour assister au spectacle.

Interprétation
La force d'expression de la peinture de Dehodencq fut soulignée par Théophile Gautier qui, à propos d'un des premiers tableaux marocains (Concert juif chez le caïd marocain) de l'artiste, notait « une étonnante aptitude ethnographique, un sentiment profond des races ». Jugeant « les têtes des musiciens juifs […] d'une vérité surprenante », le critique relevait combien les voyages avaient permis aux artistes de s'éloigner des « types de convention » qui fixaient « le même caractère aux Grecs, aux Turcs, aux Espagnols, aux Arabes, aux Allemands, aux Hollandais ». Cette expressivité des physionomies, ainsi que les mouvements des personnages, les couleurs vives et contrastées, décrivent une société juive nord-africaine vivante, exubérante, dont le peintre a souhaité rendre tout le piquant.

Cette fête a inspiré une autre oeuvre à Dehodencq en 1859. La scène a lieu dans la même rue, mais un cadrage plus large montre quelques gardes arabes armés de fusils qui encadrent la manifestation – et révèlent la surveillance dont les juifs faisaient l'objet dans la société marocaine. Ici, le peintre a concentré toute son attention sur l'exubérance de la fête, dont le mouvement et les couleurs viennent souligner une musique et des cris que l'on pourrait presque entendre.

Dans une rue de Tétouan, un cortège mené par deux musiciens, l'un au centre, chante et s'accompagne d'un violon, l'autre, joue de la guitare, à gauche, un garde noir chasse à coups de bâton un groupe d'enfants, à droite, un janissaire à cheval surveille la procession, des femmes sur la terrasse d'une maison regardent passer la foule en mouvements

Bibliographie:

SEAILLES Gabriel, Alfred Dehodencq, l'homme et l'artiste, Paris, Société de propagation des livres d'art, 1910 Les Juifs dans l'Orientalisme, Paris, Musée d'art et d'histoire du Judaïsme / Skira Flammarion, 2012
Dictionary of painters in Tangier:p.100
La vie juive au Maroc 251 à 253