LETTRE ADRESSÉE LE 15/12/1849 À M. DE CHASTEAU, CHARGÉ D'AFFAIRE DE FRANCE ÀTANGER

Louise Doazan, née de Gauray à Rabat

Numéro d'objet: 15415
Date: 1849
Genre: Enveloppe / Lettre
Lieu: Rabat
Sujet: Correspondance

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Jules DOAZAN

Le 1 avril 1851, un navire de marchandises français (chargé de blé notamment) commandé par un certain Jouve chavire devant les côtes Salétines. Une opération de sauvetage fut alors lancée. Celle-ci permit de sauver quelques tonnes gardées à Rabat et à Salé. Le lendemain, quelques faiseurs de trouble de Salé en profitèrent pour piller toutes la cargaison. La perte du côté français était estimée à 11.391 francs en or d'après une enquête du Pacha de Salé.
Après plusieurs mois d'attente de remboursement sans réponse de la part du Sultan, le gouvernement français décide de se venger par la force. Par ordre du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, les liens diplomatiques sont coupés entre les deux pays et le consul Jules Doazan, résidant à Rabat, est démis de ses fonctions.
Le 10 novembre de la même année, le contre-amiral Dubourdieu est nommé par le ministre de la marine pour mener à bien la mission. Une flotte de 5 navires (6 d'après l'historien Ahmad ibn Khalid Naciri qui cite un vaisseau du nom de Napios) lui est confiée ; celle-ci est composée du grand vaisseau Henri IV (armé de 100 canons dirigé par le capitaine Gueydon), deux frégates à vapeur Sané (armée de 225 canons et dirigée par le capitaine Rosamel) et Gomer (armée de 225 canons et dirigée par le capitaine Allain) et deux autres navires, le Narval (capitaine Lefèvre) et Le Caton. La flotte se réunit à Cadix avant l'assaut.
Déroulement
Le 24 novembre, les navires se rendent en secret à Tanger pour récupérer Doazan et le secrétaire du consul Fleurat, qui restent à bord du Narval. Le 25, la flotte se trouve face à Salé. Le contre-amiral demande des excuses et un remboursement immédiat sous peine de bombardement. Le Pacha de Rabat se soumet. La bataille commence le 26 novembre 1851 à 11h ; les canons français se mettent en batterie. Salé se défend et arme ses canons, tout comme Rabat. Après sept heures d'enchaînement de tirs, la flotte envoie un compte rendu au ministère de la marine :
« La ville a subi d'importants dommages. La muraille Almohade fut gravement touchée ainsi que la Grande Mosquée dont le minaret fut touché par 6 boulets. Plusieurs maisons ont été détruites, d'autres ont brûlé pendant toute la nuit. 7 ou 6 tabjiyas périrent ainsi qu'entre 12 et 15 civils. Dans le camp français, il y a eu 4 morts et 18 blessés. Henri IV a subi d'importants dommages tout comme pour Sané. »
Borj Adoumoue, un des bastions fortifiés d'où le Pacha aurait défendu les cotes grâce à des canons de facture britannique
Cette expédition est un demi-échec pour les Français, qui s'attendaient à une révolte des Salétins contre le gouverneur, qui ne se produit pas. Ce dernier punit et exile les fauteurs de troubles.
Quelques mois plus tard, le gouverneur Zniber décrit la situation au sultan Abd Arrahmane :
« Dieu a donné au peuple de l'Islam des jambes fermes tenant toujours debout et a fait manifester sa religion en dépit des polythéistes. Pas beaucoup de mal nous a été fait, Dieu merci. [...] Nous avons vu de nos propres yeux la bienveillance de Dieu et la beauté inimaginable de sa création. Quand Dieu repoussa les infidèles, ils ne pouvaient rien accomplir. Dieu a donné la victoire aux croyants et les a rendus à l'abri de la tromperie de l'ennemi. »
Conséquences
Suite à la confrontation, les liens entre la France et le Maroc sont coupés pendant plusieurs mois, conduisant au retrait du consul Doazan et de son secrétaire Fleurat.
Après le bombardement de Tanger et de Larache et 20 ans après avoir conquis l'Algérie, le vol de marchandises ne fut que le casus belli. Des projets coloniaux concernant le Maroc s'étaient mis en place par la suite, comme l'explique Kenneth L. Brown dans son livre People of Salé.


Courrier concernant Léon Roches, Interprète en Chef de l'armée d'Afrique puis Ministre Plénipotentiaire de France au Japon.
Marié en 1845 avec Mlle Camille de Chasteau, fille cadette de M. de Chasteau, Consul de France au Maroc, Léon Roches décède en 1901 au Château de La Touratte à Bordeaux La bastide quai de la Souys chez M. Laliman, son gendre.